Communiqué des Streets Medics sur la journée du 15 Septembre

Face à la répression qui touche tous les mouvements sociaux, et pour citer les plus récents : les mobilisations contre l’état d’urgence et la COP21, les luttes des migrant.e.s de Calais et d’ailleurs, les ZAD de Notre Dame des Landes et du Testet (souvenons-nous de la mort de Rémi Fraisse sous les grenades des Gendarmes Mobiles), et bien sûr aujourd’hui, la bataille contre la « Loi Travail » et son monde.)
Face aux assignations à résidence, aux poursuites judiciaires, à la disparition progressive du droit de manifester.
Face aux yeux crevés par les tirs de Flash-ball, aux brûlures et contusions parfois très sérieuses des grenades lacrymogènes et de désencerclement, aux os brisés par les coups de tonfa.

Nous sommes plusieurs dizaines de manifestant.e.s (étudiant.e.s, salarié.e.s, intermittent.e.s, précaires, grévistes ou non, Nuit Deboutistes de l’infirmerie militante de la place de la République) à avoir décidé.e.s de venir équipé.e.s de matériel de premiers soins en manifestation afin d’aider TOUTES les personnes victimes de la répression policière.
Avant d’entamer le bilan des violences recensées ce Jeudi 15 Septembre, nous tenons à rappeler que ce bilan ne prend en compte que les témoignages des street médics présent.e.s au débriefing post manif.

 

Bilan de la journée du 15 Septembre 2016

La répression policière augmentant à chaque manifestation, nous avons pu prêter assistance à de nombreuses personnes blessées, traumatisées par la violence qu’elles voyaient/ vivaient.
Nous nous attendions à une manifestation plutôt calme pour une rentrée, où nous pourrions retrouver nos camarades mais cela ne fût pas du tout le cas. Un simple rendez-vous entre militants de divers bords se transforma en nasses à l’intérieur de la Gare de Lyon et sur son parvis. Des jeunes étudiants/ lycéens furent de même encerclés à l’entrée de la place de la Bastille. Un dispositif démesuré, installé dès le début de la matinée, était en place sur tout le trajet de la manifestation : grilles anti-émeutes dans la plupart des artères, camions de force de l’ordre dans toutes les rues perpendiculaires au boulevard, au moins 2 camions à eau positionnés à proximité de la place de la République… Un nombre inconsidérable de policiers, CRS, gendarmes était déployé. La violente répression des forces de l’ordre constatée avant les vacances d’été, était encore présente et peut être encore plus visible. Des CRS avançaient en même temps que la tête du cortège. Par dizaines, ils nous entouraient sur les deux côtés, devant nous. À plusieurs reprises des escadrons se détachaient pour charger les personnes défilant. Les bruits des explosions de grenades lacrymogènes, grenades dispersives et des tirs de flashball fusaient dans tous les sens et presque en continu. Des jeunes et des moins jeunes courraient dans tous les sens, parfois paniqués, aveuglés, suffoquant sous ces épais nuages de gaz qui stagnaient au dessus du bitume du 11e arrondissement de Paris. Des cris appelant « Médic » s’échappaient de temps à autre, nous nous retrouvions devant des personnes blessées avec des plaies plus ou moins importantes, des traumatismes crâniens. Sur la place commença le jeu du chat et de la souris, deux pas en avant, trois pas en arrière. Certains street médics s’engouffrèrent dans un hall d’immeuble afin de procurer les premiers secours à des personnes ayant des difficultés respiratoires ou des hématomes. Au bout d’une heure intense en émotions, les forces de l’ordre décidèrent d’évacuer la place. Serrés les uns contre les autres en ligne, tapant avec leurs tonfas au rythme de leurs pas, ils poussèrent les manifestants vers le boulevard Magenta. Se retrouvant coincés entre les lignes de CRS, les manifestants commencèrent à partir peu à peu après cette journée éprouvante.
Nous avons, au cours de cette manifestation, pris en charge de nombreuses personnes souffrant de blessures diverses et traumatismes suivants, ceci n’étant pas une liste exhaustive :
- Des projectiles de grenades de désencerclement entraînant chez au moins 11 militants plaies aux tibias, mâchoire, nez, front, cuisse ou au bras
- Une personne ayant des plaies au bras suite à des tirs de flashball, ainsi qu’une perte d’équilibre suite à l’explosion d’une grenade à proximité d’elle
- Un hématome recouvrant les ¾ du mollet d’un journaliste
- 4 personnes ayant des hématomes au genou ou au tibias dus à un palet de lacrymogène
- Des coups de matraque ou tonfa entraînant des plaies aux bras ou au crâne chez 5 militants
- Des tirs de flashball entraînant chez 4 personnes des hématomes aux jambes, genoux
- Des tirs de flashball entraînant chez 4 personnes des plaies à l’abdomen, à la cheville ou à la cuisse
- 5 crises d’asthme
- 7 crises de panique
- Un malaise vagal
- Une douleur à la poitrine suite à un tir de flashball
- 6 personnes ayant des brûlures au bas du ventre dues au choc avec des palets de lacrymogène ou des éclats de grenades de désencerclement
- Une personne ayant reçu des coups de tonfa au niveau du dos entraînant des bleus et douleur
- Une personne touchée à la hanche par un projectile de grenade de désencerclement entraînant un hématome de 10 cm de diamètre à l’impact de celui-ci
- Une plaie au genou et un malaise hypoglycémique d’une personne diabétique à qui les forces de l’ordre avait confisqué son matériel de soin (insuline)
- Une personne ayant reçu des coups de tonfa à deux reprises au niveau du dos et des côtes, une grenade assourdissante explosant à ses pieds causant une surdité momentanée, et ayant reçu un projectile au niveau de l’œil abîmant ses lunettes et provoquant un bleu près de l’œil

Évacuations par les pompiers :
- Coup de matraque entraînant des difficultés respiratoires chez une personne avec des antécédents cardiaques
- Une personne ayant reçu un tir de LBD dans la poitrine
- Une personne ayant eu une grenade explosant à proximité de sa tête
- Une personne ayant une fracture du pied/ de la cheville et ayant reçu un tir de LBD dans le ventre
- Un homme ayant reçu des projectiles de grenades assourdissantes dans l’œil, malheureusement nous pouvons affirmer la cécité de cet œil
- Un jeune homme ayant reçu des coups de matraque dans la région abdominale ; et une grenade dispersive ayant explosé à proximité de sa tête entraînant un gros mal de crâne, une surdité à gauche et une perte de conscience

Nous rappelons qu’être street médic ne permet pas d’éviter les coups de tonfas, les blessures après les tirs de grenades lacrymogènes ou de désencerclement, ou les tirs de flashball/ LBD et que souvent nous devons aussi prendre en charge nos camarades.
Un blessé se rendant aux Urgences a pu voir une quinzaine de personnes admises pour des blessures post-manifestation.
Nous précisons que ce communiqué à été rédigé par certains street médics présent.e.s à la manifestation du 15 Septembre 2016 à son débriefing et que, par conséquent, il ne prend en compte que les violences qui y ont été recensées et n’est pas représentatif de l’intégralité des violences commises ce jour.

Nous ne sommes ni sauveuses, ni sauveteurs. Juste des manifestant.e.s qui se préfèrent debouts qu’à genoux ! La solidarité est notre arme.

Des Street Medics, le 15 Septembre 2016

Pour prendre contact ou apporter votre témoignage : street-medic@riseup.net

 

via Paris Luttes: https://paris-luttes.info/communique-des-streets-medics-sur-6804?lang=fr

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