Jueves 25 de diciembre de 2003.
Un pari pour la télématique antagoniste au bénéfice de l’intelligence collective
Depuis plusieurs années, il existe, dans l’état espagnol des serveurs télématiques sans but lucratif -fédérés par Ipanex- qui offrent une connexion à Internet aux collectivités, organisations et personnes appartenant à la gauche sociale et politique afin que celles-ci puissent publier leurs informations sans dépendre d’un réseau institutionnel ou commercial. A ce sujet, ces serveurs ont effectué un énorme travail en permettant l’accès à Internet et en offrant une meilleure visibilité à un grand nombre d’organisations et de collectivités, surtout dans le domaine des ONG. Faire le pari de permettre la connexion à tous est une option, mais ce n’est pas la seule. Quelques-uns d’entre nous commencent à penser que la revendication de la libre connexion et “l’accès pour tous” est en train de perdre son importance dans la mesure où augmente, de plus en plus, l’intérêt stratégique du capital d’offrir des services à travers internet, et ainsi accroître le marché, tout comme l’intéresse le fait que la citoyenneté soit connectée. Nous ne parlons évidemment que des pays du nord. Dans le Tiers Monde la situation est fort différente puisque seulement une personne sur cinq a une ligne téléphonique, mais il est un fait que la tendance néo-liberale du libre accès pour tous est globale et imparable.
Contenu Vs. Connexion? Politique Vs. tuyauterie? Pour l’intelligence collective
Celà n’empêche pas que nous continuions à promouvoir le “libre accès pour tous” (par exemple pour les centres sociaux squattés et autres espaces autogérés). Mais par là nous ne nous référons pas uniquement à l’”accès matériel” puisque la connexion devient de plus en plus accessible, universelle et bon marché et nous ne nous référons pas non plus à l’”accès au contenu”, c’est-à-dire à la consommation de savoirs et d’informations de manière univoque. Ce dont nous parlons ici est l’accès pour tout le monde aux processus d’intelligence collective, c’est-à-dire au cyber-espace compris comme un espace ouvert, de coopération d’expression de singularité, de formulation de problèmes, de prises de décisions c’est-à-dire de recomposition des liens sociaux à travers l’apprentissage réciproque et la libre circulation du savoir.
Le cyber-espace a un potentiel qui va bien au-delà de la possibilité d’affichage de contenus plus ou moins alternatifs ou critiques. Il nous donne la possibilité d’une communication horizontale et de l’interconnexion de réseaux, de projets, de luttes, de désirs et de réalités. C’est-à-dire que ce n’est pas seulement un espace qui permet de diffuser des idées qui sont passées sous silence dans d’autres médias mais qu’il contient en lui-même la possibilité de mener des pratiques politiques qui jusqu’ici n’étaient possibles qu’à un niveau local, et de manière précaire. Parce que le cyber-espace – répètons-le une fois encore- n’est pas un outil ni une infrastructure: c’est une manière déterminée d’utiliser les infrastructures existantes. En somme, le cyber-espace est un type particulier de relation entre personnes, un véritable mouvement social qui s’est développé en marge des multinationales et des états, sur une base de fonctionnemment coopératif. Il ne faut pas comprendre ceci comme une proposition de fuite, d’abandon des territoires et des luttes pour un “monde virtuel” et ni comme une imitation du monde réel. Ce serait plutôt le bon usage du “monde virtuel” afin de mieux habiter le territoire, afin de communiquer et construire une société auto-determinée, hors du contrôle de l’etat et des institutions. Le cyber-espace doit servir aussi à une meilleure coordination entre nous, comme moteur de débats, d’actions simultanées, c’est-à-dire organiser la diversité, en expérimentant de nouvelles formes de coopération, d’écoute mutuelle et de démocratie inédites jusqu’à maintenant.
Que recherche Sindominio?
Sindominio prétend s’immerger dans ce “+Vs.” qui s’auto-organise et bouge dans le réseau, rendre visible et exprimer les potentialites des réalités antagonistes éparpillées, que ce soit à l’intérieur ou en dehors du réseau, et faire notre et votre, l’apport à cet espace de de coopération et de communication mais aussi espace de conflits et de luttes où il existe déjà des projets d’autogestion dans des proportions extraordinaires, comme par exemple celui qui a donné naissance au système d’exploitation GNU/Linux, le plus grand représentant avec le réseau Internet, de construction collective à travers le cyber-espace. Nous avons besoin d’une machine Linux qui nous permette, avec des outils libres, de coopérer, enquêter et échanger des connaissances, des savoirs avec les communautés virtuelles dans le domaine stratégique du logiciel.
Sindominio prétend aussi coopérer et se coordonner avec des projets semblables au nôtre, comme par exemple l’ECN italienne où la relation et l’implication entre le projet télématique et les réalités qui y sont coordonnées est totale et où la question de la compétition avec d’autres serveurs au niveau des services, des tarifs, etc, n’a pas lieu d’être puisque l’ECN n’offre pas la connexion. Nous avons besoin, afin de mener à terme ce projet que ceux qui y participent ne soient pas de simples clients, de simples usagers, hébèrgés en échange d’une somme d’argent. Sindominio est un projet militant qui doit être soutenu par des apports économiques et par une coopération sans but lucratif. Pour celà, il est nécessaire que se génère une culture différente, moins passive dans l’usage des ordinateurs de la part de gens qui ont des critères différents pour d’autres raisons, rompre avec l’idée d’ “offrir des services”, se doter d’éléments de jugement pour pouvoir se situer de manière critique face aux usages banals, commerciaux et dépolitisés d’internet et apprendre tout ce qu’il y a de “bon” dans les communautés virtuelles et dans leur pari pour l’intelligence collective.
Mais surtout Sindominio n’est possible et intéressant que si on s’en sert comme une ressource du mouvement antagoniste, c’est-à-dire comme un outil de communication alternatif et comme moyen de coordination et de coopération de ces collectivités et personnes qui luttent pour l’autogestion et qui promeuvent l’autonomie du social dans les domaines les plus divers. Dans ce sens, Sindominio offrira la base matérielle à des projets comme l’agence de l’UPA, en continuelle construction, comme contra@infos ou le centre de documentation antagoniste, en plus de listes de diffusion , e-mail, et un espace web pour toutes ces réalités antagonistes, c’est-à-dire autogérées et de base, non institutionnelles ou partisanes, qui voudront participer au projet de Sindominio.
En quoi consiste Sindominio?
L’idée du projet Sindominio est d’avoir une machine connectée 24 heures sur 24 à internet et donc visible partout dans le monde. La machine hébergera un domaine -Sindominio.net- Un domaine est une adresse fixe sur Internet representée par un nom qui peut être trouvé par n’importe quelle machine où qu’elle se trouve,par exemple pour envoyer un courrier électronique ou pour solliciter et voir le contenu d’une page web. Normalement le nom du domaine se place à la droite du signe “@”.
Dans notre machine Linux vont fonctionner toute une série de services: hébergement de pages web, mail, listes de diffusion, news, moteurs de recherche, archives et un centre de documentation, l’agence d’information de contr@infos, des miroirs… La seule limite est notre connaissance, notre imagination et nos envies à l’heure d’employer ces moyens: ceux qui participent à Sindominio auront un accès sans condition à la machine , c’est-à-dire qu’il n’y aura pas la différenciation marchande entre contenu et service (qui se résume comme ceci:”tu fais rentrer tes infos, et nous t’offrons les services”).
Linux permet l’administration totale à distance de la machine et rend ainsi indifférent l’emplacement physique de celle-ci, qui pourra être faite depuis plusieurs endroits en même temps.
Comment participer au projet?
Durant la rencontre de “contre-information” organisée à Madrid (http://www.nodo50.org/contrainfos) plusieurs collectivités de la péninsule ont décidé d’entreprendre cet ambitieux projet. En même temps, nos camarades de l’ECN ont mis à notre disposition une liste de diffusion à partir de laquelle nous coordonnons ce projet. Si tu veux nous rejoindre, ou seulement entrer en contact avec nous ou avoir plus d’information, écris- nous à sd@sindominio.net
La façon d’appuyer et de participer à Sindominio se fait par une cotisation de 30 euros par an, même si au début du projet il serait bien que ceux qui peuvent apporter plus le fasse, indépendamment de l’usage qu’ils pensent faire de la machine dans un premier temps. Cet argent doit couvrir deux types de frais: celui de la machine et de la location de la ligne (entrée et sortie d’internet) et aussi celui de l’hébergement.
Caja de Ingenieros: 3025 0006 21 1433230004.